Carnet de route

SAISIR LE BON MOMENT !

Le 23/03/2025 par LECLERCQ Michel

Samedi 22 mars 2025 en sortie spéléo j'apprend par France que le canyon de Pissevieille dans les gorges de l'Ardèche est en crue. France m'en parle car nous avons fait ce canyon l'an passé en formation/découverte. J'aime beaucoup cette sortie, notamment l'hiver car il est pratiquement toujours sec ou agrémenté de quelques vasques d'eau, très bien équipé pour de la formation canyon et avec un final impressionnant qui se termine par une cascade très aérienne de 80 mètres dans un vide absolu... Cardiaques s'abstenir !

Mais avec les pluies continues et puissantes de cet hiver et de ces dernier jours Pissevieille que j'ai fait plus d'une quinzaine de fois depuis trente ans que je canyonne coule enfin et fort.

Sur FB je vois des photos de randonneurs de la grande cascade impressionnante avec un jet d'eau majestueux.

L'occasion est trop tentante, nous sommes samedi demain c'est dimanche je vais bien trouver un ou des équipiers pour venir affronter le monstre avec moi.

Lachement j'annule ma sortie spéléo du lendemain, il y a des moments dans la vie ou il faut faire des choix même à déplaire et penser un peu à soit...

Je lance un appel sur le groupe encadrant il est 18 heures ? 

18 heures 30, Nicolas me dit partant, Yes.

18 h 30 Lionel est de la partie aussi.

19 heures mon co-équipier de longue date Jean-Eric est lui aussi prêt pour l'aventure.

Sylvie qui devait nous accompagner décline sa venue pour raison familliale...

J'ai avec moi trois équipiers de valeurs et je peux dire que nous sommes une équipe d'experts. "ça va envoyer du bois" !

07 heures dimanche 23 mars 2025, départ de Montpellier, nous récupérons Nicolas à Lunel et arrivons sur le parking du départ de l'approche vers 10 heures. Nous nous changeons rapidement et entamons l'approche de 45 mn. Au bout d'un quart d'heure de montée, nous apercevons enfin au-loin le grand cirque au milieu duquel se jette le canyon avec sa fameuse cascade de 8O mètres. Le jet d'eau est vraiment puissant et l'on réalise que le débit est très important. En dialecte de canyonniste nous disons en TGD (Très Gros Débit)... Nous admirons, commentons et analysons la situation et comment gérer la descente...

10 heures 30, nous sommes au départ du canyon, le ruisseau est une rivière et nous sommes étonnés et impressionés par le débit important. Silencieusement l'équipe se change et s'équipe : - combinaisons néoprène, baudrier de canyon, matériel spécifique à l'activité, lovage des cordes, dernières vérifications communes avant le départ et on y va...

La rivière se resserre rapidement et devient un couloir étroit d'un mètre de large parfois ! ça pousse fort, très fort parfois et nous sommes emportés, poussés et projettés dans le court d'eau. Il nous faut anticiper et avoir "la vision grand angle" pour éviter les pièges liés aux mouvements d'eau et l'accès en sécurité aux relais du départ des cascades... 

Mains courantes rapellables, rappels guidés, escalades délicates pour réaliser une échapatoire hors crue, sacs en tyrolienne, assurage du premier pour atteindre le relais sans être précipité dans la cascade... toutes nos techniques canyon sont mises en oeuvre pour avancer sans trop de prises de risques mais c'est tout de même très engagé.

Heureusement que nous sommes aguerris car le parcours est particulèrement risqué.

Enfin, après 2 heures de confrontation avec un débit d'eau délicat nous apercevons le départ de la C 80...

Je pars en premier dans la vasque débordante encordé par Jean-Eric au cas où je ne puisse pas atteindre les broches de la main courante qui accède au premier relais du départ.

Je les atteins facilement au final et installe la main courante rappelable pour arriver au premier relais en sécurité.

Nicolas me rejoint. C'est lui qui porte la corde de 90 mètres et qui va gérer le second relais suspendu très aérien à 8 mètres de moi. Noeud patate en bout de corde, je le débraye afin qu'il atteigne le relais en sécurité. La cascade est énorme, le jet impressionant et l'ambiance du groupe euphorique... C'est du grand spectacle, nous sommes éblouis et impressionnés. Du haut de la cascade nous avons une vue sur le cirque, la vallée au loin et la rivière qui contine sa course. C'est du grand spectacle !

Nicolas installe la corde et m'informe que je peux envoyer Lionel qui le rejoint dans la foulée. Ils sont à 50 centimètres du jet et de temps en temps celui-ci vient s'abatre sur leurs épaules... A chaque fois ce sont de grands éclats de rires. Putain c'est bon de se sentir vivant, suspendu dans le vide, la cataracte à nos côtés, prête à nous accompagner dans notre descente aérienne...

Lionel a son drone avec lui et va filmer nos descentes...

Puis c'est le tour de Jean-Eric. C'est lui qui a la corde de 100 en 6mm pour rappeler la corde de descente. Il raboute les brins différents et entame sa descente en délovant sa corde. Malheureusement, en pleine descente il fait une mauvaise manipulation et emmèle les deux cordes l'une dans l'autre ce qui lui vaut de tourner presque 30 minutes dans le vide pour arriver à les séparer...

Enfin mon tour arrive. Je rejoins Nicolas qui commence à trouver le temps long depuis presque une heure qu'il est suspendu. Nous récupérons ma corde que j'enkite dans mon kit boule, j'installe la corde de descente dans mon double huit et dégage rapidement en échangeant quelques mots d'encouragement à Nico...

Que ce rappel de 80 mètres avec le jet énorme qui passe au dessus de moi est magique. Je suis à 30 mètres de la falaise dans le vide absolu et à trente mètres de la cascade devant moi c'est énorme ! Je suis une goutte d'eau différente des autres...

Le sol est rapidement atteint et les embruns m'empèchent d'ouvrit les yeux tellement la chute d'eau est puissante. Dans la vasque d'arrivée de l'eau les vagues sont énorme le bruit assourdissant. Je rejoins Jean-Eric qui va gérer le rappel de corde, puis Lionel qui pilote son drone. Je sors mon téléphone pour immortaliser le spectacle en admirant les lieux.

Nico nous rejoint, le rappel de corde se fait sans problème, nous rangeons notre matériel, faisons quelques photos souvenirs et quittons les lieux en nous retournant souvent pour encore admirer la splendide cascade de Pissevieille que nous venons de descendre dans des conditions rares et improbable.

La cause est entendue, c'était aujourd'hui ou jamais !

Merci les copains de m'avoir accompagné dans cette belle aventure.

 

CLUB ALPIN FRANCAIS MONTPELLIER

6 RUE DE LA POESIE
34000  MONTPELLIER
Permanences :
jeudi de 19h30 à 20h30