Carnet de route

LA TRAVERSEE SOUTERRAINE DE LA PIERRE SAINT-MARTIN (64)

Le 11/09/2025 par LECLERCQ Michel

Comme dans toutes les disciplines, il est des explorations à avoir fait absolument et à marquer dans sa liste de courses prestigieuses....

Le massif Karstique de la Pierre Saint-Martin sur les communes d'Arette/Saint Engrace en Pays Basque Pyrénées Atlantiques fait partie d'un des plus grand secteur Européen d'explorations souterraines.

Le réseau de la Pierre avec ses 87 kms de développement, quatre moins mille, un lapiaz gigantesque et une histoire tragique qui débute dans les années 1950 est un monstre prisé par les spéléologues du monde entier.

Ce jeudi 11 septembre 2025, après avoir eu les autorisations d'accès obtenues auprès de l'ARSIP (Association de Recherches Spéléologiques Internationales à la Pierre St-Martin) nous voilà quatre canyonistes du CAF de Montpellier et accessoirement spéléos du SCAL prêt à en découdre avec la traversée la plus prestigieuse, la plus difficile, la plus longue mais surtout la plus belle de cet immense réseau : Gouffre SC 3 - LA VERNA : 1 heure 15 d'approche - 15 à 20 heures d'exploration - 12 kms de progression souterraine - moins 987 mètres.

La chance est avec nous car un spéléo-club anglais du Yorkshire a équipé les 350 mètres des puits d'entrée en fixe et nous a autorisé aimablement à les utiliser.

Avec eux il est décidé que nous descendions à 08 heures, un deuxième groupe anglais à 09 heures et un troisième à 10 heures.

A 08 heures 15 nous ne sommes que trois à nous enfouir dans l'abîme un des notres s'étant bêtement blessé la veille : deux hommes, Alain et moi, une femme Sylvie.

Les puits sont magnifiques, très minérals, arrosés par endroit et très bien équipés par nos amis Britisch. P 16 - P 26 - R 6 - R 6 - P 45 - R 5 - R 5 - P 60 - P 45 - Méandre - P 91 - et enfin le plus beau puits final de 54 M plein gaz, le Liberty Bell - Nous atteingons rapidement le fond équipés en technique canyon, long john en néopréne, souris néoprène petite carline et coupe vent.

La température ambiante de la PSM est de 5 degrés et nous supportons nos vêtements.

De là un beau méandre étroit nous conduit à la première rivière Bassaburuko et donc au réseau actif. Il faut être très attentif au cheminement complexe qui malgré un balisage n'est pas toujours facile à trouver...

A partir de cette jonction nous progressons soit dans l'actif soit dans le fossile sur plusieurs centaines de mètres... Salle de l'ARSIP, salle Cosyns, et enfin jonction avec l'arrivée du gouffre de la Tête Sauvage. Nous sommes déjà à moins 540 mètres sous terre.

Salle Pierrette où coule l'affluent Max Couderc, progression de plus en plus complexe, blocs, montés, descentes, rive gauche, rive droite, surtout ne pas perdre les balises. Nous sommes dans l'actif, nos pieds s'engourdissent par l'eau glacée (T 4 degrés) mais arrivons à la salle Monique. Petite pause, quelques barres énergétiques, une bonne gorgée de coca et on repart car car il fait vite froid...

Cette salle est un point de perdition bien connu, on entend le bruit de la rivière en contre-bas qu'il ne faut surtout pas atteindre. Malheureusement, nous avons mal enregistré nos notes et faisons l'erreur d'y descendre. Nous sommes obligés d'enfiler à la rivière nos veste néoprène en 5, 5mm. L'eau à ' degrés nous saisie immédiatement d'autant que nous devons nager. Pour les mains et les pieds c'est un supplice et nous progressons de 150 mètres environ pour terminer sur un siphon et un cul de sac. L'hésitation se lit sur nos visages mais nous essayons de ne pas transmettre les une les autres notre inquiètude. Se perdre en ces lieux glacés serait tragique. Nous sortons nos topos et les relisons tremblants de froid. Il faut repartir dans l'eau, nous avons rater quelque chose et nous sommes perdus. Se remettre à l'eau est une épreuve, une soffrance.

Nous atteignons enfin notre point de départ, reculons et trouvons la corde raté au départ qui nous conduit au réseau supérieur et au balisage. On est heureux et tellement soulagés... On continue mais à partir de cet instant et jusqu'à la sortie à l'extèrieur, nous garderons notre combinaison néoprène intégrale n'arrivant plus à se réchauffer malgré une progression très physique...

Enfin le Grand Canyon long de 2 kms environ et la partie la plus aquatique et la plus belle de la traversée, puis la Grande Corniche, la galerie Principe de Viana, remontées sur cordes, descentes en rappels s'enchainent parfois. Nous nous perdons une seconde fois pour trouver le conduit qui mène au tunnel du vent mais après âvoir tourner en rond arrivons à ce fameux tunnel équipé de cordes fixes pour progresser plus facilement dans l'eau profonde. Une rigolade par rapport à ce que nous avons vécu dans la rivière Larumbe.

De là, nous entamons la progression dans l'immense salle de la Navarre, où nous passons à la salle Lépineux base du puits où Marcel Loubens a eu son tragique accident. Arrêt ému devant son mausolé puis reprise de notre progression.

Le Métro, vaste galerie de 600 M de long, salle Quéfelec, salle Adélie, l'immense salle Chevallier où nous nous perdons une troisième fois et décidons de suivre l'actif qui nous mène enfin au vide colossal et effrayant de la salle La Verna. Cette dernière depuis mon dernier passage en 2002 a été transformée et aménagée pour les touristes ce qui nous permet avec un éclairage artificiel d'imaginer l'immensité du volume dans lequel nous nous trouvons.

Enfin après 15 heures d'exploration, la délivrance, le tunnel EDF long de 700 mètres et la sortie en pleine forêt vers 22 heures, sous un crachin et une douce température qui nous réconforte immédiatement.

Quelle belle aventure nous venons de vivre avec de belles émotions mais une équipe soudée et maîtrisée.

On se change à la voiture, une petite heure de route jusqu'au gite où Eric nous a préparé un bon plat de pates...

Nous sommes excités et le sommeil a du mal à venir. On est heureux, on a partagé une exploration exceptionnelle et déjà, je projette de re-programmer cette explo pour l'été prochain. Ce coup ci, on ne se perdra pas ! 

On s'est régalé CON !

 







CLUB ALPIN FRANCAIS MONTPELLIER

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